Raoul Peck lors du Festival du film international de Toronto,le 9 septembre 2023. JOEL C RYAN/AP/SIPA
Un documentariste qui redonne vie
Pour Raoul Peck,le documentaire a un pouvoir de résurrection. En salle le 25 décembre,le nouveau film du réalisateur haïtien,Ernest Cole,photographe,lauréat de L’Œil d’or au Festival de Cannes 2024,redonne vie à un reporter sud-africain oublié. Par ses photos clandestines,Ernest Cole fut le premier à montrer les horreurs de l’apartheid,en 1967. Pour pouvoir publier ses clichés,il a fui l’Afrique du Sud pour les Etats-Unis,où il mourra seul,dans la misère,en 1990. C’est le neveu d’Ernest Cole qui a approché Raoul Peck,dont il admirait l’un des précédents films,Je ne suis pas votre nègre (2016). Ce documentaire multiprimé avait remis au goût du jour l’écrivain afro-américain James Baldwin.Un enfant de l’exil
Né en 1953 à Port-au-Prince,Raoul Peck quitte Haïti à l’âge de 8 ans. Fuyant la dictature de François Duvalier,ses parents s’installent en République démocratique du Congo,ancien Congo belge,où son père,ingénieur agronome,a été recruté par les Nations unies pour contribuer à relancer ce pays qui vient tout juste d’accéder à l’indépendance. Mais la situation politique instable pousse la famille à s’exiler de nouveau,cette fois à New York. Raoul Peck est envoyé au lycée en France,dans une pension de jésuites à Orléans. Ses copains de l’époque l’imaginent alors devenir ambassadeur. Mais lui a déjà filé en Allemagne,pour poursuivre des études d’ingénieur,avant d’intégrer la prestigieuse Académie du film et de la télévision de Berlin.Il vous reste 50.07% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.