Des gendarmes à Saint-Louis,en Nouvelle-Calédonie,le 23 septembre 2024. SEBASTIEN BOZON/AFP L’insurrection qui a frappé la Nouvelle-Calédonie le 13 mai continue d’impacter en profondeur le quotidien des habitants de l’archipel,exacerbant une crise économique et sociale qui pesait déjà lourdement sur le pouvoir d’achat. Dans ce contexte difficile,une possible hausse des taxes à la consommation doit être débattue,mercredi 11 décembre,par les élus du Congrès local.
« Dois-je acheter à manger ou envoyer mon enfant au collège ? » Cette question de Karleen,membre du collectif Solidarité RS (elle n’a pas souhaité donner son nom),résume le désarroi de nombreux Néo-Calédoniens. Depuis la crise,beaucoup ne peuvent se permettre qu’un repas par jour et,faute de réponse des pouvoirs publics,doivent compter sur les associations de quartier qui organisent la solidarité.
L’explosion du prix du ticket de bus,de près de 70 %,décidée par les pouvoirs publics le 1er octobre,a littéralement vidé le seul réseau de transport en commun,emprunté quasi exclusivement par les personnes aux revenus les plus faibles. Selon les exploitants du réseau,la chute de fréquentation est de l’ordre de 80 %.
Renoncements aux soins
Un travail de recensement des doléances des quartiers populaires,entrepris par le Sénat coutumier,permet de mettre au jour d’importantes difficultés à tous les niveaux et notamment sur le plan médical. Outre le prix du transport,la hausse de la participation des personnes bénéficiaires de l’aide médicale a conduit à des renoncements de soins.Si le suivi du coût de la vie n’est réalisé que de manière partielle,plusieurs indicateurs de l’Institut de la statistique et des études économiques (ISEE) de Nouvelle-Calédonie montrent cependant que le pouvoir d’achat y est très sensiblement inférieur à celui de l’Hexagone : « Quand on compare le niveau des prix en Nouvelle-Calédonie,on est à peu près 30 % plus cher. Le salaire moyen est pourtant sensiblement inférieur »,explique Elise Desmazures,la directrice de l’ISEE. Et la différence de prix dans certains domaines peut être beaucoup plus importante. En septembre 2023,elle atteignait 78 % sur les produits alimentaires. Un poste de dépenses particulièrement sensible pour les ménages aux revenus les plus faibles.
Pour tenir compte de la situation particulière de ces derniers,l’ISEE propose,depuis 2022,un indice des prix à la consommation pour les 20 % les plus pauvres de la population calédonienne. Précisément ceux qui ont été les plus fortement touchés par la hausse des prix. Rien qu’entre les mois de mai et juin,au plus fort de la crise,les prix des produits alimentaires ont bondi de 4,6 %,creusant l’écart entre l’indice général des prix et l’indice des ménages les plus modestes.
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