Michel Barnier prend la parole à la tribune de l’Assemblée nationale,le 4 décembre 2024. JULIEN MUGUET POUR « LE MONDE » Quelques heures seulement après l’adoption de la motion de censure mercredi 4 décembre,Moody’s,qui avait fait un premier pas en octobre vers une révision à la baisse de sa note,en a tiré les premiers enseignements : ce vote « amplifie le blocage politique du pays,réduit la probabilité d’une consolidation des finances publiques et contribue au creusement des primes de risque et à l’augmentation du coût de la dette ».
La sanction des marchés est pour l’instant mesurée : en début de journée,jeudi,l’écart de rendement entre la dette publique française à dix ans et son équivalent allemand,le « spread » franco-allemand,dont la possible envolée était devenue un argument anticensure ces derniers jours dans le camp gouvernemental,représentait 0,85 point de pourcentage,contre 0,50 point environ avant la dissolution du 9 juin et un pic à 0,90 point le 27 novembre,au plus haut depuis 2012.
« En 2011,quand on croyait que la zone euro pouvait éclater,le spread était monté à 200 points de base ; là,on était en vrai stress. A 80 points de base,on est en stress,mais le manque de visibilité est déjà reflété par les 30 points de hausse depuis juin »,explique Bertrand Lamielle,directeur général de Portzamparc Gestion.
« Risque bien identifié »
Rien à voir pour l’instant,donc,avec les « turbulences graves » évoquées par Michel Barnier le 26 novembre,même si certains analystes n’excluent pas un nouveau creusement du spread en cas de prolongation du blocage politique. Car les derniers mois ont laissé des traces durables dans l’esprit de beaucoup d’investisseurs.« Quand on discute avec des fonds d’investissement américains,le potentiel risque politique français est bien identifié. Ce n’est pas forcément le cas pour les autres pays »,note ainsi Christopher Dembik,conseiller senior de la banque privée Pictet. Quant aux investisseurs institutionnels japonais qui s’étaient détournés de la dette française pendant l’été,« ils ne sont toujours pas revenus ».
Pour autant,il est encore exagéré de comparer la situation financière de la France à celle de la Grèce d’il y a quinze ans,estiment la plupart des analystes. Ceux du cabinet britannique Capital Economics rappellent qu’au début de ses déboires « Athènes accusait un déficit budgétaire de près de 15 %,ce qui l’a conduite à un ajustement budgétaire représentant 14 % de PIB en quatre ans ». Des chiffres sans commune mesure avec ceux affichés par Paris.
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