La cloche de l’opérateur boursier Euronext,traditionnellement utilisée pour marquer l’ouverture et la fermeture des marchés,à Bruxelles,le 18 mars 2024. NICOLAS MAETERLINCK/AFP Stéphane Boujnah,le directeur général d’Euronext,ne se lasse pas de citer l’ex-président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet,pour qui « il y a trois projets européens qui ont réussi : la BCE,Airbus et Euronext ».
L’opérateur des Bourses de Paris,Amsterdam,Bruxelles,Dublin,Lisbonne,Milan et Oslo ne manque pas d’arguments chiffrés pour revendiquer ce succès : son chiffre d’affaires a plus que triplé en dix ans pour atteindre 1,6 milliard d’euros sur les douze derniers mois,sa valeur boursière approche les 11 milliards d’euros,et la capitalisation cumulée des entreprises cotées sur ses marchés dépasse 6 300 milliards d’euros.
Son nouveau plan stratégique à trois ans,présenté jeudi 7 novembre,prévoit bien sûr de poursuivre son développement,fondé ces dernières années sur une stratégie combinant une série d’acquisitions de la Norvège à l’Italie et l’intégration progressive des différents métiers de la chaîne des marchés de titres.
Mais M. Boujnah entend aussi bénéficier de la relance du projet d’union des marchés de capitaux,renommé « union de l’épargne et de l’investissement ».
Un « prospectus unique »
Cette union est à ses yeux une nécessité pour espérer mobiliser les quelque 800 à 1 000 milliards d’euros d’investissements dont a besoin l’Union européenne,selon les rapports successifs de l’ex-gouverneur de la Banque de France Christian Noyer,de l’ex-premier ministre italien Enrico Letta et de l’ex-président de la BCE Mario Draghi. Et éviter que les capitaux européens disponibles ne se détournent du continent.« Aujourd’hui,de nombreux grands patrons assurent qu’ils veulent investir beaucoup,mais plutôt aux Etats-Unis,explique M. Boujnah. Il y a une menace de siphonnage des investissements industriels à l’avantage des Etats-Unis. Et avec ce mouvement,la crainte que,quand l’industrie s’en va,les partis de la colère progressent. »
Sceptique sur la capacité des 27 Etats membres à faire avancer de concert ce type de projet,le patron d’Euronext plaide pour des initiatives associant d’abord les pays les plus motivés,quitte à en rallier d’autres une fois les chantiers lancés.
Sans attendre des initiatives des gouvernements ou de la Commission européenne,Euronext entend donner l’exemple,avec comme premier chantier la simplification des procédures de levées de capitaux et d’introduction en Bourse.
Le groupe va donc proposer aux sept superviseurs nationaux des marchés sur lesquels il opère la création d’un « prospectus unique »,voué à remplacer les multiples documents d’information différents requis aujourd’hui pour lancer ce type d’opération à l’échelle européenne.
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