La revue des revues. Les femmes vont-elles déserter l’Eglise catholique ? C’est la question qui traverse le dernier numéro de Donne,Chiesa,Mondo (italien de Femmes,Eglise,Monde),supplément mensuel de l’Osservatore Romano,le journal du Vatican. « La relation entre les femmes et l’Eglise est compliquée et difficile : beaucoup partent,beaucoup restent mais demandent des changements incisifs,d’autres se placent de manière critique “sur le seuil” »,résume dans son éditorial Rita Pinci,la rédactrice en chef du mensuel.
Dans ce dossier instructif et équilibré,publié avant la seconde assemblée générale du synode sur l’avenir de l’Eglise (du 2 au 27 octobre),plusieurs sujets tabous sont évoqués,du sacerdoce féminin au « vocabulaire masculin » qui traverse le monde catholique,en passant par les humiliations quotidiennes subies par les femmes : exclusion des principaux actes liturgiques,des postes à responsabilités,stigmatisation dans les discours de certains prêtres… « Ce n’est pas moi qui ai quitté l’Eglise. C’est elle qui m’a quittée. En fait,elle ne m’a jamais vraiment accueillie »,témoigne Marta,60 ans,dans un article.
La revue romaine,qui dispose d’une version française en ligne,relaye un sondage réalisé dans la Péninsule : seules 33 % des Italiennes de moins de 30 ans se disent catholiques,contre le double il y a dix ans. « Des chiffres désormais similaires à ceux de leurs pairs masculins. Jusqu’à présent,[les Italiennes] constituaient “l’exception” face à la méfiance croissante à l’égard des pratiques religieuses. Ce n’est plus le cas »,analyse la journaliste Lucia Capuzzi.
« Réformer l’Eglise de l’intérieur »
Face à ce que Donne,Mondoqualifie « d’exode silencieux »,beaucoup décident de se placer « sur le seuil » de l’Eglise,tentant « de la réformer de l’intérieur » tout en « regardant vers l’extérieur,partageant avec d’autres la recherche d’un “dieu différent”,un “dieu des femmes”,une présence divine qui,libérée de la prison d’un dieu patriarcal,peut voler librement sur les rivages de l’histoire,laissant de nouvelles empreintes »,poétise l’avocate Grazia Villa dans une tribune.Comment changer la donne en préservant l’unité de l’Eglise,chère à plusieurs contributeurs de la revue ? Le dossier n’avance aucune proposition d’ampleur. La bibliste Isabel Alfaro invite néanmoins à tourner nos regards vers l’Afrique,où l’Eglise prend progressivement« un visage féminin »,les femmes y occupant de plus en plus de responsabilités – souvent à rebours de leur contexte sociétal.
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