Cancer de la prostate : des pratiques de dépistage hétérogènes en Europe

Comment expliquer de telles différences d’incidence du cancer de la prostate en Europe ? En France,cette tumeur estla plus fréquente chez l’homme (59 800 nouveaux cas en 2018,selon Santé publique France) et la troisième cause de mortalité par cancer,après celui du poumon et le cancer colorectal. En 2018,les cancers de la prostate ont été la cause de 8 100 morts,un nombre en baisse de 3,7 % par an depuis 2010.

Une étude publiée mercredi 4 septembre dans le British Medical Journal montre globalement une augmentation des taux d’incidence de ces tumeurs entre 1980 et 2017,mais de manière assez hétérogène selon les 26 pays étudiés.

Les chercheurs du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC),une agence de l’Organisation mondiale de la santé,qui ont travaillé avec des collègues chinois et européens,ont comparé les taux d’incidence avec ceux de dépistage et de mortalité. Dans chaque pays,le taux d’incidence est corrélé positivement aux pratiques de dépistage – dosage d’antigène spécifique de la prostate (PSA).

Détection précoce en cas de facteurs de risque

L’Irlande est le pays où l’incidence du cancer de la prostate est la plus élevée : 287 pour 100 000 hommes de 35 à 84 ans en 2020. La France se situe à la quatrième place (257). « Les résultats de cette étude sont compatibles avec un surdiagnostic important du cancer de la prostate résultant d’un dépistage opportuniste par le test PSA »,résume Salvatore Vaccarella,épidémiologiste au CIRC,qui a piloté l’étude.

Cependant,malgré la hausse des cas de cancer,la mortalité reste faible,et elle a diminué légèrement et de façon homogène dans tous les pays. « La variation des taux d’incidence du cancer de la prostate entre les pays pendant la période d’étude est beaucoup plus importante que celle des taux de mortalité »,fait savoir Salvatore Vaccarella. Selon lui,« la baisse de la mortalité s’expliquerait principalement par une amélioration progressive des traitements ».

Le débat autour du dépistage de ce cancer n’est pas nouveau. « Le bénéfice du dépistage du cancer de la prostate n’est pas clairement démontré », estiment les autorités de santé, qui ne le recommandent pas en population générale. La détection précoce peut s’envisager,à titre individuel,par exemple chez des hommes ayant des facteurs de risque,comme être âgé de 50 ans ou plus avec des symptômes urinaires,avoir des antécédents familiaux de cancer de la prostate ou être d’origine africaine ou afro-caribéenne.

Les études (essais cliniques randomisés) dans ce domaine sont contradictoires : l’une d’entre elles,européenne,a montré une réduction du nombre de morts après environ dix ans,tandis que d’autres essais randomisés,tels « Prostate,Lung,Colorectal and Ovarian » aux Etats-Unis et l’essai « CAP » au Royaume-Uni,n’ont pas observé de réduction de la mortalité grâce au dépistage.

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