Au procès Pelicot, la douleur et la sidération de la famille : « Comment a-t-on pu ne rien voir ? »

Les fils de Gisèle Pelicot,Florian,à droite,David,à gauche,et sa fille Caroline Darian,au centre,à leur arrivée au palais de justice d’Avignon,jeudi 5 septembre 2024. LEWIS JOLY / AP Dans la famille Pelicot,une date restera gravée à jamais dans les mémoires : le 2 novembre 2020. Ce jour-là,un lieutenant de police de Carpentras révèle à Gisèle Pelicot ce que les enquêteurs ont extrait de l’ordinateur et du téléphone de son mari,des centaines de photos,de vidéos où on la voit inanimée et violée par son mari et des inconnus. A cette date du 2 novembre 2020,Caroline Darian,la fille du couple,ajoute un horaire : « A 20 h 25,ma vie a littéralement basculé. » Ses belles-sœurs raconteront aussi le coup de fil adressé par Gisèle Pelicot à ses deux fils,ce soir-là. L’aîné ira vomir après avoir raccroché le téléphone,le benjamin pâlira jusqu’à s’effondrer sur une chaise de la cuisine,« en état de sidération ».

Devant la cour criminelle,trois femmes très émues racontent tour à tour comment ce jour-là « leur monde s’écroule ». Elles décrivent un « véritable cataclysme qui leur tombe dessus »,cherchant aussi,quatre ans plus tard à la barre des témoins,« un chemin de guérison ».

« Dites-moi,Monsieur le président,comment fait-on,pour une personne comme moi,pour aller mieux,pour espérer avoir une vie de femme normale,une vie sexuelle normale ? Comment fait-on pour se reconstruire sur des cendres quand on sait que son père est sans doute le plus grand prédateur sexuel des vingt dernières années ? » Aux questions de Caroline Darian,le président ne peut que s’engager à « tout faire pour que ce procès aille à son terme ».

D’une promesse,Caroline Darian avait fait le titre d’un livre qu’elle a publié en 2022 pour dénoncer la soumission chimique comme arme du viol : Et j’ai cessé de t’appeler Papa (JC Lattès). Mais face aux magistrats,elle parle encore d’un « papa affectueux »,de son amour pour « cet homme fin,prévenant,bienveillant ». Jusqu’à cette confrontation avec un policier lui montrant des photos d’elle,endormie,dénudée. Elle n’y voit qu’une femme qu’elle ne connaît pas. « Mais Madame,c’est bien vous qui avez une tache brune sur la joue droite »,avance l’enquêteur. « Là,je comprends que l’homme qui était mon père,en qui j’avais une totale confiance,respectueux de sa fille qu’il avait encouragée dans ses choix,m’a photographiée à mon insu. »

Caroline Darian se remémore la crise de tétanie que cette révélation avait provoquée : « Je comprends que je suis moi-même droguée. Pas moi endormie,mais moi droguée. Je ne tiens pas à enfoncer mon père aujourd’hui,la justice se chargera de le juger. »

« Ma réparation prendra du temps »

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