Le bâtiment J de la clinique de Cleveland (Ohio),en août 2008. CLEVELAND CLINIC Tony Zavaleta,78 ans et professeur à l’université technique de Texas Southmost College,avait quelque chose de changé lors de notre dîner dans une guinguette mexicaine à la frontière du Rio Grande,depuis nos précédentes rencontres en 2019 et 2022. Le septuagénaire texan avait troqué son habituel burger et sa bière pour une salade et un thé glacé sans sucre. « Je ne bois plus. Je ne mange pas »,nous raconte-t-il. Puis il fait une révélation : « Je prends de l’Ozempic et je suis passé de 150 kilos à 120 kilos en deux mois. Je n’ai pas eu cette taille depuis des années. » L’Ozempic,c’est une des marques de médicaments miracles qui font fureur aux Etats-Unis,pour la perte de poids.
Initialement développé pour les patients atteints de diabète,comme Tony Zavaleta,ce remède – dont le principe actif est le sémaglutide – est un coupe-faim redoutable. Il est désormais utilisé pour lutter contre l’obésité. Toute l’Amérique s’entiche de cette catégorie de médicaments vendue par les géants pharmaceutiques américain Eli Lilly et danois Novo Nordisk.
Le produit est hype : Elon Musk en a pris en 2022 et nul ne croit l’ancien secrétaire d’Etat de Donald Trump,Mike Pompeo,qui a perdu 40 kilos en quelques mois et prétend comme de nombreuses starlettes d’Hollywood que c’est le résultat d’une alimentation saine et d’activités sportives. L’animatrice Oprah Winfrey,grande promotrice des programmes d’amincissement Weight Watchers,a levé le tabou fin 2023,en confirmant avoir été sous traitement. « Le fait qu’il existe un médicament autorisé pour gérer son poids et rester en meilleure santé me semble être un soulagement,une rédemption,un cadeau,et non pas quelque chose derrière lequel se cacher et pour lequel on peut être ridiculisé. J’en ai assez de la honte des autres,et de la mienne »,a déclaré la star des plateaux de télévision.
Une catastrophe sanitaire
Le sémaglutide représente un espoir sérieux pour lutter contre l’épidémie d’obésité qui ravage le Midwest et le sud des Etats-Unis. Pour faire face à ce fléau,la clinique de Cleveland,dans l’Ohio,sur les rives du lac Erié,a développé tout un service spécialisé. Les chiffres,communiqués par le chirurgien Ricard Corcelles,sont édifiants : « 40 % des Américains souffrent d’obésité et 10 % d’obésité sévère. En 2030,les projections sont de 50 % et de 25 %,et il y a 100 millions de diabétiques et de prédiabétiques dans ce pays »,détaille-t-il. En somme,une catastrophe sanitaire,qui s’est accentuée avec la pandémie de Covid-19,en raison de la malbouffe,de l’immobilisme ou encore du temps croissant passé devant les écrans.Il vous reste 74.61% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.