Les traitements contestés de Nestlé sur ses eaux minérales, épineux dossier pour le prochain gouvernement

Sur le site Nestlé Waters à Contrexéville (Vosges),en mai 2017. SÉBASTIEN BOZON / AFP Les eaux minérales naturelles purifiées après avoir été contaminées par des bactéries,notamment d’origine fécale,sont-elles encore des eaux minérales naturelles ? Les autorités françaises pratiquent-elles les contrôles appropriés chez les minéraliers ? Les responsables politiques aux affaires ont-ils agi conformément à la législation après la découverte,en 2021,que les eaux produites par plusieurs firmes – en particulier Nestlé Waters – étaient soumises à des traitements de désinfection illicites ?

Alertée à la fin janvier par les informations de Radio France et du Monde,la Commission européenne a conduit,en mars,un audit dont les conclusions,publiées à la veille de l’ouverture des Jeux de Paris 2024,le 24 juillet,sont singulièrement sévères à l’endroit de la France et s’imposeront à l’agenda du prochain gouvernement.

Et ce,d’autant plus qu’elles sont aggravées par celles de l’enquête de l’Office français de la biodiversité (OFB),révélées à la fin juillet par Mediapart,selon lesquelles Nestlé a exploité pendant plus de vingt ans une dizaine de puits dans les Vosges,sans autorisations ni contrôles,conduisant à une surexploitation de la ressource.

« Expérience insuffisante des inspecteurs »

De son côté,l’audit de Bruxelles identifie des « lacunes graves affectant la mise en œuvre du système de contrôle » des industriels. Les auditeurs critiquent « l’absence de périodicité des contrôles officiels »,la « collaboration inadéquate entre les administrations chargées des contrôles au niveau local et national » et « l’expérience insuffisante des inspecteurs ».

Surtout,ils mettent en cause la réaction de la France après que les autorités sanitaires et les responsables politiques ont été informés en août 2021 des traitements interdits. Ceux-ci auraient dû « éviter la mise sur le marché d’eaux minérales naturelles ne répondant pas au cahier des charges requis »,rappeler les bouteilles déjà sur le marché,imposer des amendes ou des pénalités aux opérateurs commercialisant des produits non conformes. Aucune de ces mesures de suivi,préconisées par la Commission européenne,n’a été prise en temps et en heure par les autorités françaises.

Ce n’est pas qu’un détail. Selon un rapport de la direction générale de la concurrence,de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) obtenu par Mediapart,l’utilisation de ces traitements interdits pour les eaux minérales – censées,pour être conformes à ce label,être préservées de toute contamination – représente un trop-perçu par Nestlé Waters de plus de 3 milliards d’euros en quinze ans. C’est la somme dont aurait été délestée la firme au cours de cette période,si les milliards de bouteilles d’eau présentées comme « minérales naturelles » avaient été commercialisées au prix de l’eau dite « rendue potable par traitements ».

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