Un véhicule blindé produit par Rheinmetall est présenté au salon international Eurosatory,à Villepinte,le 17 juin 2024. BENOIT TESSIER / REUTERS Koursk en Russie,El-Alamein en Afrique du Nord,les Ardennes… On croyait les grandes batailles de chars remisées aux magasins des accessoires de l’histoire. Et voilà qu’avec la guerre russo-ukrainienne,les tanks retrouvent leur place,même si leur déploiement n’a pas l’ampleur de ceux de la seconde guerre mondiale et que d’autres équipements (artillerie,missiles,drones…) y jouent un rôle crucial. Dans ce contexte militaire nouveau depuis 2022 se développe une concurrence entre les industriels allemands,américains et sud-coréens pour équiper les armées du Vieux Continent,au moment où l’industrie russe monte en puissance.
L’Italie vient de créer la surprise. Sa société d’aéronautique et de défense Leonardo a annoncé,le 3 juillet,un partenariat avec le groupe allemand Rheinmetall pour livrer un « nouveau char de combat » Panther KF51 à l’armée de terre italienne. L’accord prévoit la création d’une coentreprise à 50-50 implantée dans la Péninsule,qui produira également le nouveau blindé Lynx « italianisé »,lui aussi destiné à l’Esercito Italiano. Au-delà,« l’accord nous ouvrira de nouveaux marchés mondiaux sur lesquels nous n’aurions pas pu rivaliser en tant qu’entreprises autonomes »,souligne le directeur général de Leonardo,Roberto Cingolani,dans un entretien au Financial Times,le 7 juillet.
Ce partenariat signe la fin de l’« alliance stratégique » que Leonardo projetait,fin 2023,avec le franco-allemand KNDS pour constituer « un véritable groupe européen » et « coopérer plus étroitement dans le domaine de l’électronique de défense terrestre ». A cette époque,Rome voulait acheter 133 chars Leopard 2A8,le blindé de dernière génération de Krauss-Maffei Wegmann,la branche allemande de KNDS ; et surtout s’intégrer au Système principal de combat terrestre (Main Ground Combat System,MGCS),Paris souhaitant inviter Rome pour rééquilibrer ses rapports avec Berlin dans ce programme franco-allemand.
Ambitieux programme
Cependant,l’alliance n’offrait pas de perspective stratégique claire à long terme pour Leonardo,dont la contribution technologique aurait été « minimale » et limitée à quelques composants sur les chars déjà existants de KNDS,a expliqué M. Cingolani pour justifier son retrait. A l’inverse,la production (électronique,tourelles…),les tests d’homologation et la logistique de la coentreprise italo-germanique seront effectués à 60 % dans la Péninsule,une illustration de la volonté de Giorgia Meloni,la présidente du conseil italien,de renforcer son pays en Europe,tout en modernisant ses forces armées.Il vous reste 55.45% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.