Le 30 juin,le rebond de participation a été fort,ici comme ailleurs. A Trappes (Yvelines),62,3 % des inscrits ont voté lors du premier tour des élections législatives. Ils étaient seulement 40 % aux européennes,trois semaines plus tôt. Dans cette ville à l’électorat populaire,le vote s’est massivement porté sur le candidat La France insoumise (LFI) du Nouveau Front populaire,William Martinet (73 %),arrivé également en tête dans la 11e circonscription des Yvelines,dont dépend Trappes,avec 43,4 % des voix.
La victoire semblait promise à la gauche en cas de triangulaire. Mais le retrait de la candidate du Rassemblement national (RN),arrivée troisième dans la circonscription,derrière le candidat soutenu par Les Républicains,Laurent Mazaury (UDI),est venu rendre la situation moins prévisible.
A Trappes comme ailleurs,une réserve de voix est convoitée : celle des jeunes,dont 43 % ont boudé les urnes dans le pays le 30 juin,selon une sociologie des électorats dressée par l’institut Ipsos Talan pour France Télévisions,Radio France et Public Sénat. Pour les européennes,leur proportion s’élevait à plus de 60 %.
Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale,au soir du 9 juin,l’Union étudiante,premier syndicat d’étudiants,déploie ses émissaires dans les gares RER,devant les stades et au pied des immeubles de Trappes pour parler à une jeunesse que les militants ne croisent pas sur les bancs de la fac,et tenter de les convaincre de voter,de préférence pour le Nouveau Front populaire. « Trop de jeunes sont désabusés,on aimerait les faire passer à l’étape d’après,qu’ils dépassent ce fatalisme et qu’ils s’engagent,explique Eléonore Schmitt,porte-parole du syndicat. On veut qu’ils continuent à croire dans la politique. »
« Ça ne changera rien »
Les opérations de porte-à-porte sont,pour elle,un moyen d’« apporter la politique » à ceux qui s’abstiennent. « La jeunesse qui vote est une jeunesse politisée. A Trappes,tout le monde ne peut pas se permettre de faire des études et de développer cette sensibilité »,explique Yanis Jaillet,étudiant en sciences humaines,qui a grandi ici. Parler à des jeunes n’est pas si simple. Dans cet immeuble du square Albert-Camus,ce sont surtout des mères de famille qui ont ouvert leurs portes ; les étudiants ont manqué leur cible.Si une partie de la jeunesse des quartiers populaires s’abstient,c’est parce qu’elle doute de l’utilité de son vote. « Pour ces jeunes,jamais rien ne change,les politiques menées ne les touchent jamais directement,analyse Eléonore Schmitt. Ils en viennent à dissocier la politique de leur vie quotidienne. Pourtant,l’inflation des prix de l’alimentaire et de l’énergie,les difficultés de transports et de logements… Tout cela dépend de politiques publiques ! »
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